Vers une nouvelle politique des drogues

La politique internationale en matière de drogues se donne l’objectif ambitieux d’un monde sans stupéfiants. Mais ni l’interdit, ni les discours moralisateurs, ne sont parvenus à empêcher, ou même à freiner, la consommation de substances illicites. La guerre à la drogue est inefficace et la prohibition engendre de nombreux problèmes. Les partisans d’une autre approche dénoncent la criminalisation des usagers et prônent une réglementation pour limiter le trafic et les risques pour les usagers.

« La prohibition n’a pas fonctionné, elle a des conséquences dramatiques, et le marché est toujours énorme ». Marie Nougier, membre de l’Idpc (Consortium international sur les politiques des drogues) fait le même constat que tous ceux qui s’intéressent à la question. La « guerre à la drogue »[1] n’a pas atteint ses objectifs. Son bilan est désastreux sur le plan sanitaire, la drogue est encore plus disponible et la consommation n’a pas baissé. La prohibition augmente les risques pour les usagers et coûte très cher, en argent public comme en vies humaines. Elle ne parvient pas à freiner un trafic extrêmement rentable, qui assure la fortune de quelques groupes criminels et apporte une pseudo paix sociale là où il peut assurer un peu de revenus à ceux qui n’ont guère d’autres choix.

Nos comptes en 2017

Voici le détails des comptes de l'association Lutopik Magazine pour l'année 2017.

Biffins, les recycleurs précaires

Les biffins font les poubelles, où ils collectent ce qui peut encore servir, mais dont les autres ne veulent plus. Cette fonction sociale et environnementale de réemploi et de recyclage n’est pas reconnue, et les biffins s’exposent à la répression. Pour y remédier, l’association Amelior organise des marchés aux puces, dont les vendeurs sont tous biffins.

Une fois par mois, les biffins arrivent sous la halle de Montreuil et déballent ce qu’ils ont pu récupérer ici ou là. Bibelots, habits, chaussures, jouets, téléphones, ordinateurs portables et même télévisions. Le marché se garnit d’une multitude d’objets d’occasion, principalement sortis des poubelles ou destinés à être jetés. Biffins, chiffonniers, c’est le nom de celles et ceux qui, presque toujours par nécessité, redonnent vie à ce qui était considéré comme des déchets avant leur passage. Ils sont environ 200 ici, mais seuls quelques-uns disposent d’un étal où présenter leurs marchandises. Tout ou presque est disposé au sol, sur des bâches plastique. Dans les travées, les langues se mélangent : on entend parler français, romani, chinois, arabe, des dialectes africains, etc., Des prises sont disponibles pour tester le matériel électrique et deux grosses enceintes assurent l’ambiance avec une musique tzigane, qui en fait danser certains et diffuse la bonne humeur chez beaucoup d’autres.

Obsolescence programmée : tous responsables

Des collants qui filent trop vite à l’ordinateur qui lâche dès la garantie expirée, les exemples d’objets du quotidien dont la durée de vie est scandaleusement faible sont légion. Pour lutter contre cette obsolescence organisée qui génère chaque année des tonnes de déchets évitables, fabricants, pouvoirs publics et consommateurs doivent prendre leurs responsabilités.

Cet automne, l’événement technologique et culturel fut la sortie de l’iPhone X. Reportages sur les files d’attente devant les magasins, témoignages des premiers clients, quelques enquêtes sur le succès commercial de la marque : difficile d’échapper au matraquage publicitaire qui se répète tous les ans, à chaque nouvelle version du smartphone le plus vendu au monde. Au point de commencer à faire saturer même les plus technophiles, en témoigne une tribune relayée par Le Monde : « Dix ans après la sortie du premier iPhone, la vraie “révolution” serait que des multinationales de l’électronique comme Apple produisent des smartphones socialement, écologiquement et fiscalement soutenables », écrivent les signataires (sociologues, chercheurs, associations environnementales, etc.).

Édito 17 et sommaire

Bonjour à vous, chers lecteurs et chères lectrices !

Nous désirons tout d’abord saluer nos nouveaux abonnés et leur souhaiter la bienvenue. Vous n’avez jamais été aussi nombreux à nous lire et à recevoir chaque saison un exemplaire de Lutopik à la maison. Nous ne vous remercierons jamais assez, car nous n’avons pas fini de répéter que ce n’est que parce que vous lisez ces lignes que nous pouvons continuer notre travail. Cependant, les difficultés que nous relations dans notre précédent éditorial nous affectent encore, et notre avenir reste fragile.

L'utopie végane

Depuis que l’on sait fabriquer des compléments alimentaires, comme la vitamine B12, il est tout à fait possible de ne pas consommer de produits d’origine animale et de suivre un régime végétalien, sans viande ni laitage. Mais à quoi ressemblerait la Terre si tout le monde devenait végane ou antispéciste ?

Dans un futur végane, l’humain n’a plus tous les droits sur les autres espèces, c’est un animal parmi les animaux qui refuse leur exploitation. Manger de la viande ou du poisson est regardé avec horreur, mais le véganisme va plus loin qu’un régime alimentaire végétalien, qui proscrit les œufs, le miel, le fromage, le beurre et le lait. C’est un projet de vie qui refuse également des matières comme le cuir ou la laine, ou les productions ayant fait appel à de la traction animale. Pour ses partisans, une société végane et / ou antispéciste conférerait des droits aux animaux, serait plus saine et plus écologique. Ce n’est pour le moment qu’une théorie jamais expérimentée à grande échelle. Aucun peuple ni aucune communauté n'est parvenu à vivre longtemps selon ces principes philosophiques et plusieurs tentatives ont échoué par le passé [1]. De nos jours, le véganisme se développe ; il est de plus en plus expérimenté au quotidien, peut-être par 0,5 % ou un peu plus de la population de certains pays. Le marché est florissant et bénéficie aussi de consommateurs occasionnels.

André Grimaldi : "Nous avons un bon système de soins, mais notre système de santé publique est médiocre"

Selon le classement de l’OMS, la France est au 15e rang mondial pour son système de santé. Elle était 1ère en 2000. Comment interpréter ce recul ?

Il y a matière à discussion sur les critères de jugement, qui comprennent beaucoup de choses : l’accès aux soins, la qualité, la prévention, les remboursements, etc. Ce qui est sûr, c’est que la France reste première ou deuxième avec le Japon pour ce qui est de la mortalité évitable grâce à un très bon système de soins construit historiquement. Chaque année, on réalise ainsi 6.000 greffes d’organes, de reins, de cœurs, de foies, de poumons. Ce sont des avions qui décollent, des équipes de transplantation, des prélèvements d’organes, tout ça arrive en temps et en heure, c’est une chaîne absolument fabuleuse. Mais en termes de prévention de comportements de soins, nous sommes très mauvais. La France est très mal placée parmi les pays de l’OCDE sur deux critères : les inégalités sociales de santé, qui tendent à s’accroître, et la mortalité évitable avant 65 ans liée à des comportements de santé, comme le suicide, les accidents de voiture, le tabagisme, le sida, la moitié des maladies cardiovasculaires liées aux habitudes alimentaires, etc.
Dit autrement, notre système de soins reste globalement très bon. Mais notre système de santé publique est en revanche très médiocre. En matière de tabac, par exemple, c’est un échec. On parle beaucoup de perturbateurs endocriniens, de pesticides, de pollution, qui ont des répercussions importantes. Mais 80.000 morts sont dus au tabac chaque année !

Système de santé en souffrance

Introduction de notre dossier "système de santé en péril", que vous pouvez commander ici.

Peut-on chiffrer la santé ? Bien sûr répondent les gestionnaires, qui évoquent le trou de la sécu et cherchent la rentabilité des établissements de santé, en particulier des hôpitaux sommés de combler leurs déficits. La tarification à l’acte, ou T2A, a désormais concrétisé l'idée que chaque maladie a un coût bien précis. Les financements des hôpitaux dépendent maintenant du nombre et de la nature des soins effectués : 959 € l’appendicite, entre 651 et 2.722 € pour une grippe, 1.806 € une césarienne, 609 € une migraine, etc. Finie la dotation globale de fonctionnement, place à une logique de résultats. Il est facile de comprendre alors pourquoi le personnel est sollicité pour multiplier les actes médicaux et les patients renvoyés assez tôt vers la sortie. La durée moyenne d’un séjour à l’hôpital a ainsi diminué de moitié depuis les années 80, passant de 10 à 5 jours. Les soins ambulatoires, où le patient rentre chez lui le jour même de sa prise en charge, se multiplient. Le nombre de lits disponibles chute dramatiquement et les couloirs des urgences sont saturés.

Les travailleurs hospitaliers sont nombreux à crier leur détresse, ou à l’étouffer dans le silence. Des cas de suicides d’infirmières, reconnus en accident du travail, ont défrayé la chronique ces deux dernières années. Ceux qui sont en poste dénoncent des effectifs trop réduits, une pression accrue, des soins donnés à la chaîne et le manque de temps qu’ils peuvent consacrer à chaque patient. Il est devenu très difficile de leur parler, de les écouter, les réconforter ou tout simplement expliquer ce qu’il se passe. Assurer correctement sa mission dans de telles conditions est compliqué. Le travail perd de son sens et de son humanité parce que l’empathie n’est pas rentable.

L'autonomie à fleur d'eau

De par leur isolement, les îles sont des territoires propices au développement de solutions d'autonomie énergétique. Si aucune en France n'est encore autonome, plusieurs se sont lancées dans l'aventure des énergies renouvelables. Zoom sur les îles bretonnes du Ponant, situées sur la façade atlantique.

« Il y a eu une marée noire pendant que je faisais mon service militaire. On déversait de la craie sur les nappes de pétrole pour le couler. Quelques années après ça, je ramassais encore des crabes qui avaient la gueule noire car ils mangeaient le pétrole tombé au fond de l'eau », raconte François Spinec. Cet ancien marin-pêcheur a passé toute sa vie sur l'île de Sein, au large de la pointe du Raz. Entre les marées noires et l'élévation du niveau des mers, il a développé une « sensibilité à l'écologie », comme il aime le dire. Le déclic pour agir a eu lieu en 2008, lorsqu'une  grosse tempête a provoqué des dégâts. « On a vraiment pris conscience des effets de la montée des eaux provoquée par les émissions de CO2. Sur l'île,  dont l'altitude moyenne est de 1,50 m, toute notre électricité provient du fioul, c'est lamentable ».  

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Communiqué de presse

L’information ne devrait pas être une marchandise, mais elle est de plus en plus sous la coupe des pouvoirs financiers et industriels. Pour faire vivre une presse libre, journalistes et citoyen•ne•s doivent inventer d’autres modèles économiques, émancipés de la publicité et des actionnaires.

Nous nous réjouissons donc d’apprendre que des personnalités des médias, de la culture, du spectacle et de la politique ont la volonté de créer un « nouveau média collaboratif, pluraliste, culturel et francophone, humaniste et antiraciste, féministe et pro LGBTI, écologiste et progressif », comme ils et elles l’expliquent dans une pétition.

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