Bricolage politique au squat du Transfo

Transfo_Eol.gifAu Transfo, un squat parisien, quelques bricoleurs se sont lancés dans un défi de taille : créer de toutes pièces une éolienne. L’objectif est avant tout de se réapproprier des connaissances techniques et pratiques, de travailler en collectif et de revendiquer une forme d’autonomie, que ce soit dans la conception de l’engin ou en matière de consommation électrique.

« Et pourquoi on ne fabriquerait pas une éolienne ? » L'idée est lancée presque comme une boutade lors d'un atelier bricolage au Transfo, un squat implanté à Bagnolet dans la région parisienne. Depuis plusieurs semaines, une trentaine de personnes s’activaient pour fabriquer une cabane en bois et c’est en travaillant l’une des planches que l’un des participants se dit qu'il pourrait tout aussi bien tailler les pâles d'une éolienne. L'idée s'est vite transformée en volonté et voilà qu'aujourd'hui une éolienne est en cours de montage au Transfo. Une telle construction peut paraître compliquée, mais elle est à portée d’un groupe motivé. Avec quelques outils, un peu de matériel et trois rendez-vous hebdomadaires dans un grand hangar du Transfo, l’éolienne devrait être terminée en quelques semaines. Et ce ne sont pas des professionnels qui sont à l’œuvre. « Nous sommes tous des amateurs, il faut qu'on lise de la documentation sur le sujet. Il y a deux mois je n'y connaissais rien », explique l’un d’eux, qui parle désormais avec aisance autant des forces en jeu sur une pâle que du processus de production d’électricité. Trois des participants ont d'ailleurs effectué un stage d’auto-construction d'éoliennes, alors ceux qui en savent un peu plus renseignent les autres.

Au-delà de l'aspect bricolage, « la réappropriation des savoirs et des outils de production » est l'une des motivations qui poussent des gens à venir mettre la main à la pâte au Transfo. L'acquisition de connaissances, aussi bien théoriques que pratiques, est un enjeu politique à l'atelier. « Aujourd'hui, les techniques de nos moyens d'existences sont concentrées dans les mains d'un petit groupe de personnes », constate un participant. « Et ça me pose problème ». Les objets produits ici le sont dans une optique de lutte. Un des participants souhaite « apprendre à faire des trucs et les mettre ensuite au service d'autres qui ont un projet ». Aujourd'hui, la cabane de deux niveaux est implantée à Notre-Dame-des-Landes et sert aux équipes médicales et média. « Quand on a construit la cabane, on s'inscrivait directement dans la lutte avec la ZAD ». Le lieu d’installation de l’éolienne n’est pas encore défini, mais elle sera montée dans un endroit qui fait sens pour ses bâtisseurs.

L'aventure de la construction

Transfo_Meuleuse.gifL’atelier de construction occupe l’un des quatre bâtiments du Transfo. Tout le monde peut participer, habitants du squat, visiteurs réguliers ou occasionnels, ce qui permet de tester d'autres modes d'organisations. Ce n'est pas l'usine, « t'as de la place, des outils, c'est cool d'essayer. Tu peux te planter, il n'y a pas un patron qui va râler ». Ici, c'est plutôt « un espace autogéré d'échange des savoirs ». On peut venir ici aussi pour oublier un boulot un peu trop pénible, pour voir des gens et profiter d'une bonne ambiance. « On a envie de venir car on joint l'utile à l'agréable ». Les activités proposées sont valorisantes. « Tu prends la pièce que d'autres ont commencée et c'est à toi de faire quelque chose dessus. Plus ou moins bien, ce n'est pas le plus important. Ce n'est pas un travail et on n’est pas en compet' comme à l'école, c'est assez gratifiant ». Finalement, le but à atteindre n'est pas le seul enjeu. « L'aventure de la construction est peut-être la plus importante », estime l’une des bricoleuses déjà présente pour le chantier de la cabane.

Transfo_vent.gifAu fil des étapes, les participants acquièrent des connaissances sur le bois, le métal, l’électricité ou encore la mécanique. La diversité des travaux sur l'éolienne permet de toucher à toutes sortes d'outils, qui deviennent accessibles avec la mise en commun. Plus le projet se concrétise, plus les gens ont envie d’apporter du matériel. Si quelqu'un arrive avec une scie sauteuse, une meuleuse ou un poste à souder, il sait s'en servir et va l’enseigner aux autres. « C'est la chaîne de l'apprentissage, à un moment, il n'y a plus besoin de celui qui maîtrisait les outils ».C’est parfois aussi l'occasion de tester pour la première fois une machine qui nécessite un peu de place ou d’investissement.

L’espace disponible, la diversité des gens qui passent sur le chantier et la quantité d’outils créent une certaine émulation dans les ateliers et la dynamique insufflée en engendre de nouvelles. Par exemple, un atelier de construction de carrioles pour vélo avec des matériaux de récupération s'est monté au Transfo, et d'autres projets vont voir le jour. « Le lieu y contribue énormément : tu passes la grille et tu es dans un squat, tu changes d'ambiance. C’est une bulle dans Paris avec beaucoup de place, ça offre des possibilités exceptionnelles », conclut un jeune Parisien qui repeint les murs du grand salon entre deux coups de marteau.

L'éolienne fabriquée au Transfo est directement inspirée du modèle Piggott, libre de droit et reproductible par tout le monde. Les stages que certains participants ont effectués sont dispensés par l'association Tripalium. Ils sont payants et durent une semaine. Plus d'info ici.

Le site Internet du Transfo

 

Zor

Commentaires

héhé les gens je suis bien intéressée par ce genre de projets, je suis charpentier et je suis a paris durant cette année^^ (hertzog.arnaud@gmail.com) ^^ aller bonne route