Edito #2

Lutopik2_V37-page001.jpegVous retrouverez dans notre deuxième numéro un dossier consacré à la source de toute vie végétale, les semences. L'idée de ce dossier germait depuis quelque temps déjà lorsque nous avons appris que quatre maraîchers avaient été menacés d'amendes lors d’un contrôle de la répression des fraudes sur un marché en Ariège. Vendaient-ils des légumes dangereux ? Étaient-ce des plants génétiquement modifiés ? Non, rien de bien grave. Ils ne possédaient simplement pas leur carte du GNIS, le Groupement National Interprofessionnel des Semences, et leurs plants n’étaient pas des variétés inscrites au catalogue officiel.

De l’Ariège aux montagnes du Jura en passant par les plaines bourguignonnes, les monts d’Auvergne, l’Aude et l’Hérault, nous sommes partis à la rencontre de maraîchers, céréaliers, chercheurs et associations pour comprendre les enjeux qui se cachent derrière ces petites graines. Avec la généralisation de l’agriculture industrielle et chimique, 75% des variétés cultivées il y a un siècle ont disparu. Les semences paysannes, sélectionnées, conservées et replantées depuis des millénaires par les agriculteurs sont aujourd’hui menacées. Entre flou juridique, concentration du secteur, appauvrissement des espèces cultivées et perte d’autonomie des paysans, nous avons tenté de dresser un état des lieux de l’importante question des semences.

Il n’y a pas que les dégâts liés à la monoculture qui font tache à la campagne. Certains militants d’extrême droite sont à la recherche de terrains pour enraciner leurs idées nauséabondes. Ils n’affichent pas toujours immédiatement leurs idéologies et se cachent derrière leurs paniers de légumes bio pour s’attirer la sympathie des villageois. Toufik de Planoise, qui combat l’extrême droite, nous livre ici un résumé de son travail sur ces réseaux nationalistes bien implantés.

Si certains avancent masqués, beaucoup ne se cachent plus pour professer leurs idées racistes. Il est aujourd’hui frappant de constater comment la droite décomplexée a surtout décomplexé le racisme. Pour faire contrepoids à l’extrême droite, crier au loup ne suffira pas. Il faut chercher et essayer de mettre en action d’autres modèles du vivre ensemble, opposables aux pratiques actuelles et basés sur des valeurs de respect, de partage et d’échanges. Ce sont certaines de ces réflexions et initiatives que nous souhaitons mettre en avant.

Dans ce numéro, vous trouverez ainsi un article consacré au revenu de base, une mesure qui fait débat et que certains proposent comme une solution à la crise du travail, un autre à l’autoconstruction d’une éolienne dans un squat parisien, ou encore un reportage à Dijon, où des jardiniers cultivent les dernières terres maraîchères de la ville, menacées de bétonisation. Plusieurs discussions nous ont aussi donné envie d’aborder la question de l’enfermement psychiatrique. Vous retrouverez plusieurs témoignages sur le sujet ainsi qu’une présentation du journal Sans Remède. Des mots souvent violents qui décrivent une institution totalitaire, où patients et soignants sont déshumanisés.

Lutopik est un magazine artisanal auquel vous pouvez participer. Contactez-nous si vous avez des suggestions ou des commentaires à nous faire, si vous voulez publier des textes ou des illustrations. Et si vous l’appréciez, n’hésitez pas à le faire connaître autour de vous ! Vous aurez peut-être aussi remarqué que ce numéro correspond à l’hiver, nous avons fait l'impasse sur l’automne pour mieux coller aux saisons. Merci de votre confiance et bonne lecture ! »