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Yannick Loubet, maraîcher militant pour les semences libres

stand-loubet.gifHabitués depuis deux générations à acheter leurs semences dans le commerce, les agriculteurs sont peu nombreux à savoir encore faire leurs graines. Yanick Loubet a réappris, et partage désormais ses connaissances avec ceux qui lui demandent.

« La semence devient une marchandise alors que c’est la base de la vie », dénonce Yannick Loubet. Maraîcher, fils et petit-fils de maraîcher, l’homme est installé à Ruffey-lès-Beaune, en Côte-d’Or, où il cultive des légumes depuis 40 ans. Il y a une trentaine d’années, il se lance dans la production de semences paysannes pour répondre à la demande de restaurateurs qui voulaient des petits légumes de bonne qualité, impossibles à trouver sur les catalogues des semenciers. Devenu militant par la force des choses, il aide aujourd’hui d'autres agriculteurs à retrouver leur autonomie semencière.

Blés en mélanges contre la chimie

blescouleur.gifContrairement aux gros céréaliers, Jean-Jacques Mathieu ne mise pas sur les pesticides et les engrais pour faire pousser du blé, mais sur le riche potentiel génétique de ses 200 variétés.

En 1997, Jean-Jacques Mathieu et sa femme se sont installés comme céréaliers sur une vingtaine d'hectares à Tréziers dans l'Aude. Au début, les rendements étaient très faibles. « Je n'y connaissais rien, j'utilisais du blé dur commercial en bio mais ça ne poussait pas, car ils étaient sélectionnés par et pour la chimie ». Les blés inscrits au catalogue « sont testés avec 200 unités d'azote », ajoute-t-il. Ils ne sont donc pas du tout adaptés à l'agriculture biologique.

Le GNIS, un groupement tout-puissant

Le Groupement national interprofessionnel des semences est un organisme à la fois professionnel et officiel, placé sous tutelle du ministère de l’Agriculture. Il veille aux intérêts des grosses entreprises du secteur, participe à l’élaboration des lois qui régissent le commerce des graines et surveille leur application. Un triple rôle propice aux conflits d’intérêts.

Créé sous Vichy en 1941, le Groupement national interprofessionnel des semences et des plants (GNIS) est chargé « d’organiser la production et la commercialisation des semences et plants ». En 1962, ses pouvoirs sont élargis avec la création en son sein du SOC, le Service officiel de contrôle. Il a pour mission de contrôler la qualité et de certifier les semences. Il répond à une demande du ministère de l’Agriculture, qui « voulait rendre obligatoire le contrôle des semences par une entité indépendante », explique François Burgaud, directeur des relations extérieures du GNIS.

La réglementation floue du commerce des semences

Legisweb1.gifLa législation française et européenne sur les semences agricoles est complexe, dispersée et peu claire. Si l'on peut, heureusement, encore semer n'importe quelle variété dans son jardin, il est en revanche interdit de vendre des graines d'une variété non inscrite au Catalogue officiel. Alors que Kokopelli a été condamné pour ces motifs, le Réseau Semences Paysannes mise sur plusieurs exceptions pour sortir de ce cadre législatif contraignant.

Les paysans dépossédés de leurs graines

Web_Une_Dossier.gifLes variétés paysannes, sélectionnées par les agriculteurs depuis la nuit des temps, sont aujourd’hui menacées d’extinction. En un siècle, 75 % de la biodiversité cultivée a disparu et les paysans ont perdu leur autonomie semencière. Cette situation est le résultat d'un siècle de politique agricole en faveur de l'agriculture intensive.

Jusqu’à récemment, et depuis 10.000 ans, les semences étaient produites dans les champs des paysans. En sélectionnant les plus belles plantes ou celles qui correspondaient le mieux à l’usage qu’ils voulaient en faire, les agriculteurs ont créé et développé au fil des siècles des milliers de variétés. Une biodiversité qui permettait de limiter les pertes en cas de maladies ou de rigueurs climatiques et de disposer de plantes adaptées aux territoires sur lesquels elles étaient cultivées. Les semences n’étaient pas une marchandise, elles s’échangeaient. Mais depuis un siècle, 75 % des variétés cultivées ont disparu, estime la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). On trouve partout les mêmes tomates, les mêmes blés et les mêmes pommes de terre aux goûts, aux formes et aux calibres uniformisés. Parce que leur culture a été arrêtée, des milliers de légumes ont disparu.