agriculture

Des céréales en montagne

Cerealpage.gifDes bergers paysans relancent la culture des céréales dans le Jura, un territoire quasi exclusivement dédié aux vaches laitières. Recherche d’autonomie fourragère, production de pain, circuits courts et protection de la nature sont au cœur du projet.

Relancer la culture de céréales biologiques dans la montagne jurassienne, entre 840 et 1150 m d’altitude, tel est le pari que s’est lancé un petit groupe de paysans, bergers paysans et paysans boulangers. Si on cultivait des céréales de printemps à la fin du XVIIIème siècle dans le Haut-Doubs, le territoire est aujourd’hui dédié quasi exclusivement à la production laitière des vaches montbéliardes pour la fabrication du Comté. Diversifier l'agriculture en replantant des céréales fourragères ou panifiables est une entreprise qui répond à des besoins précis.

Yannick Loubet, maraîcher militant pour les semences libres

stand-loubet.gifHabitués depuis deux générations à acheter leurs semences dans le commerce, les agriculteurs sont peu nombreux à savoir encore faire leurs graines. Yanick Loubet a réappris, et partage désormais ses connaissances avec ceux qui lui demandent.

« La semence devient une marchandise alors que c’est la base de la vie », dénonce Yannick Loubet. Maraîcher, fils et petit-fils de maraîcher, l’homme est installé à Ruffey-lès-Beaune, en Côte-d’Or, où il cultive des légumes depuis 40 ans. Il y a une trentaine d’années, il se lance dans la production de semences paysannes pour répondre à la demande de restaurateurs qui voulaient des petits légumes de bonne qualité, impossibles à trouver sur les catalogues des semenciers. Devenu militant par la force des choses, il aide aujourd’hui d'autres agriculteurs à retrouver leur autonomie semencière.

Comté : un succès au détriment de l’environnement

ambiance_degustation_champetre_2013_avec_vaches-cigc_jean_pierre_van_der_elst.gifÀ l’instar de nombreuses filières AOP, le Comté, fierté fromagère régionale, n’a pas échappé à la course au productivisme. Cette intensification de la production, très localisée, provoque des pollutions qui mettent en péril la richesse écologique du terroir, pourtant nécessaire à la qualité du Comté.

Le Comté est une fierté pour les habitants de la région, mais il devient malheureusement aussi synonyme de catastrophe écologique. L’intensification des pratiques d’élevage depuis une vingtaine d’années est en grande partie responsable de la pollution des rivières franc-comtoises et de la chute de la diversité floristique observée dans les prairies. Les acteurs de la filière, qui ont fait du Comté un label de qualité, sont bien conscients du problème. Mais les considérations écologiques peinent à s’imposer face aux logiques productivistes et à la perspective de nouveaux marchés.

Blés en mélanges contre la chimie

blescouleur.gifContrairement aux gros céréaliers, Jean-Jacques Mathieu ne mise pas sur les pesticides et les engrais pour faire pousser du blé, mais sur le riche potentiel génétique de ses 200 variétés.

En 1997, Jean-Jacques Mathieu et sa femme se sont installés comme céréaliers sur une vingtaine d'hectares à Tréziers dans l'Aude. Au début, les rendements étaient très faibles. « Je n'y connaissais rien, j'utilisais du blé dur commercial en bio mais ça ne poussait pas, car ils étaient sélectionnés par et pour la chimie ». Les blés inscrits au catalogue « sont testés avec 200 unités d'azote », ajoute-t-il. Ils ne sont donc pas du tout adaptés à l'agriculture biologique.

Les Croqueurs de Carottes : cultiver la diversité

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Alors que la plupart des semenciers ne proposent que des variétés hybrides et un catalogue en bio assez pauvre, les Croqueurs de carottes fédèrent des professionnels qui travaillent sur des variétés potagères traditionnelles. C’est le cas de Graines del Pais, un petit semencier bio installé dans Aude. 

Occupation contre le barrage de Sivens pour sauver les bouilles

chap.gifDans le Tarn, le chantier d'un barrage destiné à l'irrigation et la dilution de la pollution du Tescou est sur le point de démarrer. Mais les opposants au barrage de Sivens dénoncent un projet inutile et destructeur. Une association se charge du combat juridique tandis qu’un collectif occupe le terrain.

Pour le Conseil général du Tarn, le barrage de Sivens « symbolise à lui seul la prise de conscience, sur un territoire rural à vocation agricole, des futurs aléas climatiques et de l’appauvrissement programmé des ressources en eau ». Pour la Préfecture, « il s’agit d’un projet indispensable pour le maintien d’une activité économique en milieu rural ». La retenue d’eau prévue sur la petite rivière du Tescou aurait une capacité de stockage de 1,5 million de mètres cubes, une surface d’emprise de 48 ha et un coût estimé aujourd’hui à 8,4 millions d’euros.

L’INRA conserve des grains et invente les blés de demain

Inra2web.gifAu Centre de Ressources Génétiques de l’INRA de Clermont-Ferrand, plus de 26.000 variétés de céréales à paille sont conservées. Chaque année, les chercheurs en multiplient une partie pour régénérer les grains et maintenir la collection. Cette banque de semences est à la disposition de tous ceux qui souhaitent récupérer quelques grains, mais elle offre surtout aux chercheurs un important réservoir génétique pour élaborer les blés de demain. 

Sur les traces de l'oignon de Tarassac

medium_oignon (640x427).jpgAvec passion et obstination, Yves Giraud a sauvé cet oignon originaire de l'Hérault. Si la disparition de l'oignon de Tarassac n'aurait sans doute pas ému grand monde, la perte d'un légume adapté à son terroir depuis des générations aurait été un signe de plus de l'érosion de la biodiversité.

Depuis un siècle des milliers de variétés potagères ont disparu, et cela aurait pu être le cas de l'oignon de Tarassac. Il n'était plus cultivé que par de rares jardiniers et sans l'intervention d'Yves Giraud, il serait probablement bientôt sorti de la mémoire locale. Une sélection de plusieurs siècles l'avait pourtant adapté à ce petit coin de l'Hérault, où il pousse plutôt gros, un peu aplati, avec une saveur mi-douce.

Le GNIS, un groupement tout-puissant

Le Groupement national interprofessionnel des semences est un organisme à la fois professionnel et officiel, placé sous tutelle du ministère de l’Agriculture. Il veille aux intérêts des grosses entreprises du secteur, participe à l’élaboration des lois qui régissent le commerce des graines et surveille leur application. Un triple rôle propice aux conflits d’intérêts.

Créé sous Vichy en 1941, le Groupement national interprofessionnel des semences et des plants (GNIS) est chargé « d’organiser la production et la commercialisation des semences et plants ». En 1962, ses pouvoirs sont élargis avec la création en son sein du SOC, le Service officiel de contrôle. Il a pour mission de contrôler la qualité et de certifier les semences. Il répond à une demande du ministère de l’Agriculture, qui « voulait rendre obligatoire le contrôle des semences par une entité indépendante », explique François Burgaud, directeur des relations extérieures du GNIS.

Bio, blanc, rouge : l’extrême-droite à l'assaut de l’agriculture biologique

Depuis plusieurs années, des mouvements d’extrême droite créent des potagers, des associations bio ou des maisons vertes. Sous couvert de discours antimondialistes, ces projets en apparence sympathiques sèment des principes beaucoup moins louables. Cette petite enquête lève le voile sur ces communautés aussi discrètes qu’inquiétantes.

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