Edito #9 et sommaire

Si certains pouvaient encore en douter, les derniers évènements marquent assez clairement l’importance du moment de rupture que nous sommes en train de vivre. Les attentats de Paris ont plongé la France dans un état de sidération et d’effroi, que n’ont pas arrangé les déclarations martiales des dirigeants politiques et l’évocation par Manuel Valls de possibles attaques chimiques et bactériologiques. Une société vulnérable qui prend peur, ce n’est jamais très bon pour la démocratie. L’État sort les muscles, proclame l’état d’urgence et mène des opérations de grande envergure sur son territoire, autant pour rassurer ceux qu’il entend protéger d’une main de fer que pour retourner la peur à ses ennemis.
L’état d’urgence a été voté au nom de la lutte anti-terroriste, mais il n’aura fallu que quelques jours pour que ces dispositions, perquisitions administratives ou assignations à résidence par exemple, soient étendues aux militants écologistes. C’est aussi en son nom que les manifestations en marge de la COP21 ont été interdites. Le récit médiatique qui a suivi le rassemblement place de la République le 29 novembre est tout aussi inquiétant. Les quelques lanceurs de chaussures et de bougies ont occulté la violence et la brutalité des policiers. Les manifestants les plus pacifistes, soit l’immense majorité, ont été dépeints comme des casseurs et des profanateurs de mémorial, alors même qu’ils le protégeaient, jusqu’à ce que les CRS ne le piétinent pour prendre le contrôle et arrêter toutes les personnes qui se trouvaient encerclées là.
La dérive autoritaire semble dans l’air du temps, comme l’atteste le score du Front National, qui a recueilli plus de 6,8 millions de voix au deuxième tour des élections régionales. Une adhésion qui peut s’interpréter comme l’expression du rejet d’un système jugé à bout de souffle. Mais il est désespérant de constater que l’hypothèse d’un régime fermé, nationaliste et raciste constitue une alternative acceptable pour tant de personnes. Le futur ne s’annonce déjà pas très joyeux, il serait plus terrible encore si nous répétions les erreurs du passé, si la haine et l’intolérance devenaient des instruments de pouvoir.
L’urgence ne fait plus de doute, elle est politique, sociale, climatique… Nous voilà embarqués dans une transition incertaine, à l’heure où le contexte général n’incite pas à l’optimisme. Mais rester tétanisé n’arrangera rien. Il sera peut-être bientôt trop tard si nous ne nous mobilisons pas efficacement et rapidement pour construire ensemble un avenir heureux. Nous avons besoin de débats qui agitent les places publiques, de lieux  où puissent s’expérimenter de nouvelles idées. C’est l’heure d’agir pour bousculer ce vieux monde.

 

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Sommaire

p.4 Initiative : Au Café du Faire ensemble

p.6 Dossier : Les sciences, un enjeu de société

                Entretien avec Jacques Testart. « Les grandes orientations doivent être données par les citoyens »

                Paroles de chercheurs

                Les difficiles débats scientifiques

                A Lyon, les chercheurs travaillent pour nous

p. 20 Lu dans la presse

p.22 Religion : Ivre, le Monstre en spaghettis volant créa le monde

p.24 Reportage : Envies de commune à la ZAD

p.18 Test-conso : J’ai testé pour vous la méthode de recrutement par simulation

p.30 Portfolio : De la cire au bronze

p. 34 Dossier réfugiés

                Accueil des réfugiés : l’Etat fait attendre les communes volontaires

                VVF propose des places en village vacances

                Quels droits pour les étrangers en France ?

p.38 Retour sur

p.40 Climag : qu’y a-t-il vraiment dans l’accord de Paris ?

p.42 Témoignages : Vivre sous l’état d’urgence

p.44 BD : Histoire de la démocratie par la Gazette de Gouzy