Lutopik 8

Les forêts protégées du Chat sauvage

Dans le nord du Morvan, des particuliers ont créé un groupement forestier qui acquiert des parcelles pour les soustraire à l’appétit des grosses sociétés sylvicoles. Une façon de lutter contre l’enrésinement des forêts morvandelles qui détruit la biodiversité et abîme les paysages.

L’arrivée du pin Douglas dans le Morvan, initié dans les années 1950, a profondément modifié les paysages et les écosystèmes. À Brassy, petite ville située au nord du Parc naturel du Morvan, le changement est bien visible. « Il y a 25 ans, il n’y avait pas de sapins ici. Aujourd’hui, on est cernés, on sent l’étau qui se resserre », explique Frédéric Beaucher. Derrière la terrasse de sa maison en bois, la colline couverte de résineux et balafrée par une coupe à blanc appuie son propos. Partout dans le Morvan, les forêts de feuillus sont peu à peu remplacées par des monocultures de résineux aux conséquences environnementales dramatiques : appauvrissement et acidification des sols, pollution des eaux liée aux amendements apportés pour combler l’épuisement des sols, destruction des cours d’eau forestiers, etc. (voir article précédent)

Du thé et des glaces au parfum d’autonomie

Agroalimentaire pourrait ne plus rimer avec malbouffe, mauvaises conditions de travail et fournisseurs sous-payés. La Fabrique du Sud à Carcassonne avec ses glaces, ainsi que SCOP Ti à Gémenos avec ses thés et infusions, rassemblent des ouvriers en SCOP, convaincus qu'une autre voie passant par exigence sociale et environnementale est possible. Et ça marche !

« Les plantations ne sont pas une forêt »

Isabelle a grandi dans le Morvan, elle a vu la forêt évoluer, les feuillus se faire remplacer par des cultures de résineux. Elle ne compte plus les coupes à blanc qui dégradent le paysage, déjà uniformisé par les plantations de pin douglas. Pour protéger la forêt, Isabelle s’est engagée. Elle est aujourd’hui la référente forêt de l’association Adret Morvan. Nous sommes partis en balade avec elle.

« Il faut conscientiser les gens sur la nécessité de préserver les forêts »

Gestionnaire forestier indépendant et titulaire d'une thèse en écologie, Gaëtan du Bus est à l'initiative du Réseau Alternatives forestières, dont il est désormais administrateur. Cette association, créée en 2008, s'est donné comme objectif de promouvoir une sylviculture écologiquement et socialement solidaire.

 

Depuis deux cents ans, la superficie des forêts françaises a considérablement augmenté. Comment ces nouvelles forêts se sont-elles constituées ?

Depuis le Moyen-Âge et jusqu’au XIXe siècle, la superficie forestière a d’abord beaucoup diminué, passant de près de 30 % du territoire à environ 10 % en 1850. Malgré des textes pour protéger la forêt, notamment l’ordonnance de Colbert en 1669 qui visait à garantir l’approvisionnement en bois pour les besoins seigneuriaux et militaires, la pression sur les forêts était considérable. Le bois était la première source d’énergie et de construction et la forte densité de population dans les milieux ruraux nécessitait des besoins de chauffage importants. Puis l’industrie naissante des forges, verreries et tanneries a aussi eu besoin de bois et de charbon de bois comme source d’énergie.

Fourier, l'utopiste passionné

Philosophe, penseur, rêveur, utopiste, socialiste, réaliste, on ne sait trop comment présenter Charles Fourier, qui publie au début du XIXe siècle une théorie de l’Attraction universelle. Lui se considère plutôt comme un inventeur qui a imaginé ce que pouvait être un monde où l’organisation sociale se base sur la pleine expression des passions et les principes de l’association. Il ouvre la voie du travail attrayant avec ses séries passionnées, la courte durée des séances, l’absence de contrainte. Fourier critique le monde civilisé et s’étonne que la pauvreté puisse naître de l’abondance même. Ce qu’il propose à l’humanité, c’est la clé d’accès à l’Harmonie universelle.« Qu’est-ce que l’utopie ? C’est le rêve du bien sans moyen d’exécution, sans méthode efficace. » Ces mots ont paradoxalement été écrits par Charles Fourier, considéré comme l’un des plus importants représentants du socialisme utopique. Si ce n’est peut-être l’évocation des phalanstères, son nom n’a guère laissé de traces dans l’imaginaire collectif. Charles Fourier ne se considère donc pas comme un utopiste, mais comme l’inventeur de « l’attraction passionnée » et du « mécanisme sociétaire ». Il expose les bases de sa théorie dans un ouvrage imprimé en 1808, dans lequel il compare son invention à la découverte par Newton des lois du « mouvement matériel ». Avec son étude des passions, Fourier pense avoir deviné celles du « mouvement social », qui doivent, par étapes successives, nous conduire du chaos à l’Harmonie universelle.

Labels forestiers : un bizness durable

Environ 10 % des forêts mondiales sont certifiées, principalement par FSC ou PEFC. Ces deux labels sont censés garantir que le bois ou ses produits dérivés proviennent de forêts gérées de manière durable et responsable. Ces certifications sont nées d’un compromis entre les industriels et des ONG, mais sur le terrain, la balance penche plus du côté du commerce que de la préservation des forêts.

Edito #8 et sommaire

Territoire ancestral de chasse et de cueillette, la forêt est liée à l’histoire des Hommes depuis la nuit des temps. Perçues comme l’expression de la nature par excellence, parfois enchantées, parfois hantées, les forêts ont toujours fasciné. C’est grâce à elles que l’on se chauffait et que l’on bâtissait maisons et bateaux. Si l’avènement du pétrole leur avait laissé un peu de répit, voilà qu’elles aiguisent à nouveau les appétits.
Après avoir failli disparaitre, la forêt recouvre aujourd’hui le tiers de la France et la filière bois représente un secteur économique important. Certains voudraient augmenter les prélèvements et industrialiser davantage le secteur. D’autres se refusent à nommer forêt une plantation de résineux en monoculture. Des arbres plantés en même temps, alignés et bien rangés, qui seront coupés ensemble à un âge qui correspond à leur adolescence, ne sont en effet pas comparables à toutes les richesses que peut offrir une forêt.