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"L’ouverture à la concurrence est faite pour ouvrir de nouveaux marchés, pas pour résoudre un dysfonctionnement du service public"

À la question « Revenir au service public ? », titre du livre dont il est co-auteur avec Olivier Coutard (La documentation française, 2015), Gilles Jeannot répond oui. Directeur de recherche à l’École des Ponts ParisTech, il travaille depuis 30 ans sur les mutations des administrations publiques à travers le travail de leurs agents. Entretien.

Pour commencer, pourriez-vous définir un service public ?
Disons que c’est la conjonction entre une offre publique et un service dont la nature est publique. C’est ainsi qu’étaient définis implicitement dans l’après-guerre les grands monopoles de l’énergie et des transports.
Mais c’est une question piège, car la mise en cause des services publics a justement été préparée par la réduction de la définition à son second volet : ce serait la prestation (transport, électricité, santé, etc.), qui serait publique. Être transporté d’un endroit à un autre, même si c’est fait par une entreprise privée, est considéré comme l’accomplissement d’un service public. Si on définit le service public par la seule nature de la prestation, on ouvre la voie à la libéralisation.
C’est en particulier la stratégie de la Commission européenne qui, avec les SIEG, les services d’intérêt économique général, s’est efforcée de construire une théorie du service, indépendante de la question du prestataire. Cela permet à partir des années 1990 de rogner la dérogation aux règles de concurrence pour ces services qui était inscrite dans le traité de Rome de 1957.

Journaliste prise pour cible

Emma, journaliste à Radio Bip à Besançon, avait déjà perdu 40 % de son audition à cause d’une grenade dans une manifestation en 2016. Elle nous raconte les violences subies pendant la manifestation du 1er mai à Paris.

Avant de témoigner de mes « aventures » sur le terrain, je tiens à préciser que cette histoire n’est pas seulement la mienne. La question n’est pas de savoir si ma carte de presse devrait me protéger, mais bien pourquoi les CRS, et donc l’État, utilisent des moyens extrêmement violents contre ses propres citoyens.

Ce 1er mai 2018, je suis arrivée tôt place de la Bastille car je sais que la police met en place des barrages partout, et si l’on a le malheur d’avoir du sérum physiologique sur nous, on peut nous arrêter pour port de projectile. Mais j’ai trop d’expériences sur le terrain pour le laisser à la maison. J’avais toute ma panoplie de journaliste en manif : casque fluo siglé « TV - PRESSE », brassard presse, masque à gaz, lunettes de plongée étanches, chaussures de randonnée et protège-tibias pour me protéger des grenades, harnais de protection sur la poitrine contre les flash-balls, masque à gaz et surtout, bouchons pour les oreilles. Tout cela dans mon sac à dos. C’est encore assez incroyable pour moi de savoir qu’un tel équipement peut servir lors d’une manifestation à Paris.

MSAP : la privatisation de l’accueil

Pour lutter contre la désertification des services publics en milieu rural, aider les gens désemparés face au numérique, ou tout simplement assurer un accueil qui n’existe plus dans de nombreuses administrations, les Maisons de services au public (MSAP) se sont développées à grande vitesse. Mais cette privatisation de l’accueil ne résout pas les inégalités de la population face à l’accès aux services publics, d’autant que les moyens alloués sont limités.

Dans chaque bureau, les mêmes histoires. Celles de personnes, souvent âgées, parfois non francophones, venues chercher de l’aide pour remplir leurs dossiers administratifs. Des personnes démunies face au tout-numérique, habitant trop loin des grandes villes ou qui n’ont pas trouvé d’oreille attentive dans les administrations qu’elles ont contactées. « Certaines personnes, notamment des papis-mamies, viennent dans un état d'anxiété terrible. Elles se trouvent soudain dans l'incapacité de faire des démarches simples qu'elles ont jusqu'alors toujours réalisées seules, telle une déclaration d'impôt. Déconnectées, obligées de demander de l’aide et pour elles, c’est une déchéance », indique Isabelle Géhin, qui dirige cinq Maisons de services au public (MSAP) dans une zone rurale du Doubs.

La casse des services publics

Pour la plupart instaurés après la Deuxième Guerre mondiale, les services publics sont depuis quelques années consciencieusement démantelés. La course aux économies à courte échéance détruit des pans entiers des services publics pourtant garants de la solidarité, de l’égalité et de l’intérêt général.

« Comment parler d’un droit du travail protecteur des salariés, d’égalité femmes-hommes, de ré-industrialisation, de démocratie, de transition écologique si aucune institution, si aucun service public n’est chargé de leur mise en place et d’en garantir l’effectivité ? » C’est par cette interrogation que débute le manifeste pour le service public du 21e siècle édité par la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics. Le réseau fédère plusieurs comités locaux rassemblés autour de toutes les forces vives : usagers, personnels, élus, associations, organisations syndicales et politiques concernées par la reconquête des services publics de qualité et de proximité.

Le dernier édito

C’est dommage, on venait de trouver notre « devise ». Celle qui se trouve pour la seconde fois seulement en Une, sous notre titre. « Le magazine des luttes et des utopies » disparaît donc avec ce numéro, le vingtième et le dernier. Nous présentons nos excuses à ceux qui pensaient que l’on pourrait continuer, à ceux qui seront déçus et, de manière générale, à tous nos lecteurs et à toutes nos lectrices.

Edito 19 et sommaire

Déclarations chocs, controversées et calculées du pouvoir, attaques brutales menées sur tous les fronts : la stratégie du choc pilotée par Macron et son équipe est un pari risqué. Celui de la dispersion, de l'épuisement et de l'échec des mobilisations face à l'offensive brutale et générale menée contre un modèle social protecteur. Ça passe ou ça casse.

Mais où va la SNCF ?

La politique ferroviaire a tout misé depuis 1980 sur les TGV, plus rentables que les lignes classiques désormais délaissées. Avec une dette de 45 milliards d’euros et des infrastructures usées, la mission de service public de la SNCF est remise en cause, et la prochaine ouverture à la concurrence des services ferroviaires de voyageurs ne devrait pas arranger les choses.

Retards, annulations, hausse des prix, baisse de la qualité du service, etc. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la fiabilité et le niveau de satisfaction ne sont pas les premiers termes associés à la SNCF, Société nationale des chemins de fer français. « L’état de la SNCF est aujourd’hui très mauvais, même s’il n’a jamais été très bon et qu’elle a toujours manqué de moyens », affirme Philippe Mühlstein, ingénieur retraité de la SNCF, toujours syndicaliste à Sud Rail. « On observe un dysfonctionnement sur l’ensemble du réseau et une réduction considérable du nombre de lignes, de 41.000 km à la création de la SNCF en 1938 à 29.000 km actuellement », renchérit Pierre Ménard, président de la Convergence nationale rail, qui regroupe différentes organisations et collectifs qui défendent le ferroviaire et dénoncent les fermetures de lignes.

Résidents et ville

Comment vivre ensemble, construire la ville, faire société ? Les réponses dépendent pour beaucoup de ce que l’on appelle l’urbanisme : l’art et la manière d’agencer l’espace et nos habitats. Construire, aménager. Tout cela a bien sûr un impact immense sur nos existences, nos modes de vie. Un quartier sera sympathique ou plutôt glauque, grandiose ou sans prétention, ouvert ou enclavé. Pourra-t-on bénéficier facilement des services dont on a besoin à proximité de chez soi ? Ou alors sera-t-on contraint d’emprunter un transport collectif pas forcément pratique ou d’utiliser une voiture pour le moindre déplacement ?

L’architecture des cités facilite, ou pas, la discussion, l’amabilité, la rencontre de la diversité. Les centres-villes ou les places de villages peinent à remplir ce rôle. On n’y croise plus grand monde, la convivialité n’est pas la priorité des espaces où seuls les flux importent. L’urbanisme a délimité des zones, espaces industriels, lotissements dortoirs, centres commerciaux, quartiers prioritaires, patrimoine historique muséifié, etc. La spécialisation spatiale rationalise la ville pour le plus gros bonheur des promoteurs, mais la prive d’une partie de son humanité. Les principaux concernés, les habitants, sont relégués à la marge des grandes décisions.

Loups et éleveurs peuvent-ils cohabiter ?

Depuis le retour du loup en France au début des années 1990, les attaques contre les troupeaux d’élevage se multiplient. Les relations entre l’animal et le monde pastoral sont délicates et des mesures sont prises pour permettre aux éleveurs de poursuivre leur activité tout en préservant le grand prédateur.

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